communiqué de presse 10.11.14

Neuchâtel, le 10 novembre 2014

Communuqué de presse

 

Neuchâtel dit NON à ECOPOP

 

Chères et chers représentant-e-s des médias,

 

Réunis lundi 10 novembre 2014, à Neuchâtel, les principaux partis politiques du canton ont appelé d’une seule voix les Neuchâtelois et Neuchâteloises à rejeter l’initiative populaire fédérale « Halte à la surpopulation - Oui à la préservation durable des ressources naturelles », dite Ecopop.

Si les approches diffèrent parfois, les craintes sont pleinement partagées.

 

 

Préserver l’économie

Le libéral-radical Pierre Castella a rappelé que la prospérité de la Suisse s’appuie avant tout sur les qualifications et l’inventivité des actifs qui, pour une part non négligeable, proviennent de l’immigration. Par ailleurs, c’est bien l’ensemble de la structure économique qui serait touché, des spécialistes très qualifiés au personnel non qualifié. Si le vote du 9 février complexifie déjà le recrutement de personnel sur sol suisse, une acceptation de l’initiative Ecopop porterait un coup encore plus sévère à l’économie.

Dès le moment où la main d’œuvre résidante viendrait à manquer, il ne serait pas étonnant de voir les PME recruter hors du pays. Avec pour corollaire une dépendance accrue à la main d’œuvre transfrontalière. Et pour les régions frontalières comme Neuchâtel, une hausse conséquente du trafic, a noté Fabien Fivaz, député vert neuchâtelois. De quoi contredire l’idée reçue que l’initiative régulerait les flux de travailleurs tout en préservant durablement les ressources.

Pour sa part, Raphaël Grandjean, président des Vert’libéraux, a rappelé que le Swiss Made, dépendant grandement de l’immigration et chers aux entreprises de la région, serait l’une des nombreuses victimes de l’initiative Ecopop.

 

Mise en péril des piliers sociaux chers aux Suisses

La diminution des recettes imputable à une limitation de l’accroissement de la population telle que voulue par l’initiative compromettrait sérieusement le financement des piliers sociaux que sont l’AVS et l’AI a souligné Martine Docourt Ducommun, présidente du Groupe socialiste au Grand Conseil. Les initiants oublient sciemment de mentionner les effets positifs de l’immigration. Notamment sur des institutions comme l’AI et l’AVS auxquelles les Suisses sont très attachés. D’après l’Office fédéral des assurances sociales, l’AVS aurait ainsi, sans l’apport de l’immigration, dû faire face à un déficit de 3 milliards de francs au lieu des 640 millions d’excédant comptabilisés.

En effet, sans l’apport migratoire, la population résidante, déjà vieillissante, prendrait de l’âge bien plus rapidement. Avec pour conséquences des implications négatives en cascade. Ainsi, sur le plan cantonal un vieillissement accéléré de la population fragiliserait encore davantage les institutions sanitaires et sociales : baisse des rentrées fiscales, pression accrue sur les personnes actives, augmentation des besoins en personnel dans le domaine, etc. Première victime de ce jeu de domino, la population résidante. Plus particulièrement sa composante la plus vulnérable. Alors que personne ne souhaite voir la situation des aînés ou des patients neuchâtelois encore péjorée.

 

Fausses promesses, vrais problèmes

Comme l’a rappelé, Fabien Fivaz (Les Verts neuchâtelois), le mitage du territoire ne sera en aucun cas résolu avec l’initiative Ecopop. A titre d’exemple, en 30 ans, la surface de la Ville de La Chaux-de-Fonds a crû de 30% alors que sa population a diminué de 5000 habitants, soit plus de 10%. La réponse au mitage du territoire et à la perte de terres agricoles et surfaces naturelles passent par des mesures en matière d'aménagement du territoire: densification, diminution des zones à bâtir, etc. Des solutions qui ont été acceptées récemment par le peuple neuchâtelois dans le cadre de la révision de la LAT.

 

Impact nul sur les ressources

Contrairement aux promesses avancées par les initiants, l’initiative n’aura qu’un effet très limité sur la préservation des ressources tant en Suisse qu’à l’étranger comme l’a souligné Martine Docourt Ducommun (PSN). Le haut niveau de consommation de la Suisse influe bien plus sur les ressources hors du territoire suisse que sur celles que nous avons sous les yeux. Alors que les initiants se prévalent de vouloir préserver les ressources durablement, rien ne stipule dans le texte de l’initiative que les Suisses devront revoir leur mode de consommation.

 

Surpopulation relative

Si tout le monde s’accorde à dire que la démographie doit être considérée comme un élément d’analyse et de planification, la perspective d’une surpopulation à court terme laisse dubitative. Pierre Castella (PLRN) a d’ailleurs rappelé qu’avec respectivement 219 et 709 habitants au km2 ni le canton, ni la Suisse ne semblait très sérieusement concernés. En comparaison, Singapour compte 8179 habitants au km2 et la vie n’y est pas insupportable a noté le libéral-radical.

 

Dérive fascisante

Au-delà des arguments trompeurs et d’une simplification hasardeuse et dangereuse des mécanismes qui sous-tendent le fonctionnement de nos société, Raphaël Grandjean (Vert’libéraux) a relevé l’insupportable arrière-fond idéologique du texte. Une dérive fascisante inspirée du malthusianisme où l’on essaie de faire porter la responsabilité aux autres pour se déculpabiliser. Une doctrine égoïste et haineuse.  

 

Un NON clair le 30 novembre

En définitive, c’est un NON clair que les représentant-e-s de droite et de gauche ont appelé les Neuchâteloises et Neuchâtelois dans l’urne le 30 novembre.