L'hiver arrive !

Libertés neuchâteloises n°14 - Edition du 19 août 2022

Les récentes annonces du Conseil fédéral concernant une éventuelle pénurie d’électricité dans notre pays se concrétisent petit à petit pour cet hiver déjà. A en croire les scénarios les plus pessimistes – et malheureusement pas les moins probables – il faut s’attendre à des difficultés dans quelques semaines à peine. Soyons réalistes : sans électricité, notre société s’arrête. Soyons réalistes, ne tombons tout de même pas dans un alarmisme précipité.

Image d'illustration. (Pexels)

Nous ne le savons que trop bien, la Suisse n’est pas en mesure de couvrir la totalité de ses besoins en électricité en hiver. Chaque année, une importante importation est nécessaire depuis l’Europe. Ce marché est désormais tendu pour différentes raisons. En effet, la décarbonation de nos sociétés, la sortie du nucléaire et notre retard considérable dans le développement des sources d’énergie renouvelable conduisent indéniablement à une augmentation de la demande et une réduction de l’offre. Ajoutons à cela la crise géopolitique et l’absence d’accord-cadre avec l’Union européenne dans le domaine de l’électricité et nous obtenons une augmentation significative des prix du gaz et de l’électricité ainsi que de lourdes incertitudes quant à l’approvisionnement de notre pays.

En cas de pénurie, le plan OSTRAL (Organisation pour l’approvisionnement en électricité en cas de crise) sera déployé. En fonction de la gravité de la pénurie, le Conseil fédéral, par voie d’ordonnance, demandera aux distributeurs d’électricité de procéder à des réductions de la consommation dans chaque canton. Bien sûr, tout le monde devrait être touché par ces contingentements et nous pouvons nous attendre à de lourdes conséquences pour les entreprises et pour l’ensemble de la société.

Dans une telle situation, à quelques semaines d’une éventuelle pénurie, nous pourrions penser, à raison, qu’il est déjà tard pour se préparer. Nous le savons et pourtant nous continuons de freiner des projets d’envergure pour augmenter la production interne – et si possible renouvelable – d’électricité sur notre territoire. De nombreux projets éoliens, hydrauliques ou solaires font face à des excès de procédures et de recours. Les motifs sont parfois louables quand il s’agit de protéger une cohérence architecturale ou historique ou de préserver la biodiversité. Mais dans un des pays les plus riches du monde, la situation dans laquelle nous nous trouvons s’apparente à un échec. La matière première, la main-d’œuvre et le temps nous manquent pour cet hiver. Prenons conscience de la nécessité d’être mieux préparés pour les suivants qui seront tout autant difficiles en matière d’approvisionnement en électricité.

Quentin Di Meo, vice-président du PLRN