Budget 2026 accepté grâce à des compromis importants

- 23:00 jusqu'à 23:00

Alors que le budget 2026 de l’État de Neuchâtel prévoyait d’intenses débats en plénum, les commissaires du groupe LR-LC ont abouti à un accord en commission financière, peu avant le début des débats.

L’exercice 2026 du budget s’annonçait compli­qué. En effet, l’amendement de la commission modifiant la loi sur les contributions directes était vivement combattu par la droite, notam­ment notre groupe. Il aura fallu une ultime séance de la commission financière le mardi matin en amont de la session pour faire plier les auteurs et ainsi permettre un débat plus serein au parlement. Interview du rapporteur du groupe LR-LC, Cédric Haldimann.

Cédric Haldimann, le budget affiche un béné­fice de 16,95 millions grâce à un important prélèvement dans les réserves. Peut-on parler d’un budget sincère ?

Si nous soutenons l’alimentation des réserves lors d’exercices excédentaires, comme récem­ment lors des comptes 2024, nous devons éga­lement accepter d’y puiser lors d’événements extraordinaires. Le plus dérangeant pour le budget 2026 est que nous puisions dans une réserve de politique conjoncturelle pour palier une baisse de la péréquation intercantonale. Or, une baisse des revenus de la péréquation signi­fie en principe une amélioration conjoncturelle. Il est donc surprenant de devoir puiser dans une réserve précisément lorsque la situation s’amé­liore, du moins en comparaison intercantonale. À en croire le mécanisme, il vaudrait mieux res­ter les mauvais élèves pour toucher plus de la péréquation et ainsi ne pas prélever dans les réserves.

Avec près de 74 millions prélevés, le canton vit-il, selon vous, au-dessus de ses moyens ?

En considérant, par les recettes fiscales annon­cées, que notre canton se trouve encore dans une situation conjoncturelle relativement bonne, le fait de puiser dans les réserves révèle en effet un problème évident de charges. La planification financière pour les prochains exercices ainsi que notre endettement doivent nous pousser à me­ner des réflexions profondes sur l’efficience des politiques publiques.

Vous avez critiqué l’augmentation des effec­tifs de l’État. En quoi cette évolution vous pa­raît-elle problématique ?

L’augmentation des effectifs et l’évolution démo­graphique de notre canton ne sont malheureu­sement pas proportionnelles. Cela défie toute lo­gique économique. Et même si chaque création d’EPT peut se justifier individuellement, l’accu­mulation pose un réel problème de soutenabilité pour la collectivité.

Quelles mesures de maîtrise des charges at­tendez-vous du Conseil d’État à court et moyen terme ?

Nous restons convaincus que des synergies peuvent encore être trouvées pour améliorer l’efficience. Cela permettra de réallouer des res­sources là où elles sont vraiment nécessaires et parfois même cofinancées par la Confédéra­tion. Toute redondance administrative doit être identifiée et chaque processus interne doit être amélioré. Ces réflexions doivent permettre au Conseil d’État de limiter la hausse des effectifs, idéalement de les réduire.

Le compromis final intègre des mesures so­ciales en échange d’une limitation de la hausse des charges de personnel. Ce com­promis vous paraît-il équilibré ou uniquement pragmatique ?

Je le trouve équilibré. Et si le PLR l’a accepté, il est pragmatique également. La droite a com­battu la hausse des effectifs dès le début des travaux en commission, la gauche est venue avec des revendications sociales et environ­nementales coûteuses. Ainsi, le Conseil d’État devra faire des choix dans la gestion de ses res­sources humaines pour financer les demandes de la gauche. Ces dernières ont un coût qu’il faut assumer, non pas uniquement politiquement, mais financièrement également.

Ainsi, si le Conseil d’État respecte les objectifs fixés dans ce compromis, nous pouvons le juger équilibré.

Pourquoi le PLR a-t-il soutenu la prolonga­tion temporaire des baisses fiscales dans un contexte financier tendu ?

Nous n’accepterons aucune hausse d’impôt tant que nos initiatives fiscales ne seront pas trai­tées. Par les signatures récoltées, nous avons démontré que le peuple neuchâtelois en a assez de la pression fiscale qui impacte leur pouvoir d’achat de manière directe. Il n’est pas oppor­tun aujourd’hui d’alourdir encore les charges des classes moyennes par une hausse d’impôts ou de taxes. Ensuite, le statu quo fiscal permet une certaine stabilité. Ne pas reconduire les mesures prises en 2025, alors que les cantons voisins appliquent des allègements fiscaux, af­fecterait l’image du canton et donc son attractivi­té. Or, dans un contexte financier tendu, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre encore des contribuables, bien au contraire.

Le PLR s’interroge sur la stratégie globale du canton. Quel cap financier souhaitez-vous voir fixé pour les prochaines années ?

Le canton devra veiller à l’accroissement de sa dette. Aujourd’hui, avec les mécanismes du frein à l’endettement en vigueur, nous nous endet­tons quand nous les respectons. Ce qui sera à terme un problème. Nous devons absolument maîtriser nos charges. Et lorsque l’on analyse l’évolution des charges de personnel, des coûts de la santé et de l’éducation, nous pouvons être inquiets. Si nous affichons encore un bénéfice au budget 2026, les années qui suivront risquent d’être bien plus difficiles. Et la nouvelle majorité du gouvernement n’est pas là pour nous rassu­rer. / rty