Déplacer le curseur

Libertés neuchâteloises n°17 - Edition du 30 septembre 2022

La crise énergétique a mis en évidence ce que tout le monde savait déjà : la Suisse est la championne du monde de l’immobilisme en matière d’aménagement du territoire. Une réglementation excessive, des procédures judiciaires interminables, des mentalités sclérosées.

Panneaux photovoltaïques. (Archives Claude Comte)

Il est pour le moins navrant, pour prendre l’exemple de l’éolien dans le canton, qu’une politique plébiscitée dans les urnes par la population n’ait débouché sur aucune concrétisation des années plus tard.

On a beaucoup parlé ces temps, sur le plan fédéral, du couple à l’harmonie fragile « protection de l’environnement – production d’énergie ». On retrouve les mêmes ingrédients ou plutôt la même difficulté à évoluer dans le domaine de la protection du patrimoine. La pose de panneaux photovoltaïques et l’installation d’ascenseurs sont, aujourd’hui encore, trop entravées si l’on veut parvenir à un subtil équilibre entre les intérêts en présence, tous respectables, voire essentiels.

Il y a bien sûr la thématique des anciens villages, mais il y a surtout celle du patrimoine Unesco. Classement ne signifie pas intangibilité. Il y a trop de toits au Locle et à La Chaux-de-Fonds pour que l’on ne s’attelle pas rapidement à mieux positionner le curseur et à permettre une production d’énergie significative. Par chance, l’évolution de la technologie photovoltaïque va sans doute, à moyen terme, contribuer à détendre la discussion. Il s’agit en particulier de l’arrivée sur le marché de nouvelles tuiles et de l’installation désormais possible de panneaux en façade. Il est plaisant de souligner que le rôle du CSEM et de l’EPFL à Neuchâtel est déterminant à cet égard.

De même, les centres-villes ont un rôle essentiel à jouer en ce qui concerne le maintien de leurs habitants à domicile, l’âge venant. Il en va de l’application d’une politique médico-sociale cohérente, intéressante tant pour les personnes concernées que pour les finances publiques. Or, il est aujourd’hui techniquement et architecturalement possible de construire des ascenseurs parfaitement intégrés, qui ne jurent pas dans l’espace urbain.

La reconnaissance Unesco ne doit bien sûr pas être mise en péril. Elle est importante autant pour les villes horlogères que pour le canton. Le patrimoine en général, dont notre génération a hérité, doit être remis à la suivante sans avoir été dénaturé. Il y a un équilibre pragmatique à trouver. Les autorités cantonales et communales se sont saisies de la thématique. Il faut des résultats. Rapidement.

Alain Ribaux, conseiller d'Etat