Fouzitout et harakiri au Grand Conseil

Libertés neuchâteloises n°16 - Edition du 16 septembre 2022

La session du Grand Conseil neuchâtelois de début septembre fut d’une tiédeur évidente avec un ordre du jour plus digne d’une assiette fitness que d’un gueuleton de la Saint-Martin. A vrai dire, depuis le début cette législature, aucune session ne fut gargantuesque.

Entrée du château de Neuchâtel. (Archives Claude Comte)

Le premier point à traiter, d’une récurrence retentissante depuis plus d’une année, voyait l’assermentation de députés suppléants. A la suite de démissions dans les rangs de la gauche, quatre nouveaux visages ont énoncé solennellement la formule officielle « je le promets », « je le jure » ou « je le jure devant Dieu ». Hormis cela et un rapport d’information du Conseil d’Etat sur une votation passée, sans débat ni vote, ne restaient véritablement à se mettre sous la dent que trois objets A. Ceux-ci ne ne faisant l’objet d’aucune opposition, autant dire qu’il n’y eut guère d’envolées lyriques dans l’hémicycle.

Restait donc le grignotage de la « junk food » des objets B. Ceux-ci croissent et peuvent se disperser sans contrôle à la vitesse du bambou. Mon propos n’est pas de dire que l’objet B est une plante invasive du Parlement cantonal qui nécessite l’éradication, mais force est de constater que les outils de la démocratie sont parfois utilisés comme arme de communication massive par les parlementaires. Cette session en contenait 51, hors questions (13). Je ne sais pas si c’est un record, mais l’on doit s’en approcher. De la simple interpellation jusqu’à la motion, ce fut un véritable slalom spécial pour évoquer énergie, climat, sécurité alimentaire, IPC, asile et même santé.

Un point critique dans ce fouzitout : la recommandation UDC intitulée « Le Pôle de développement économique de La Tène, fausse bonne idée ? » Son but est d’instaurer un moratoire de cinq ans au développement d’un pôle économique validé il y a plus d’une décennie. Bref, une mise au cachot qui tuerait dans l’œuf ce projet, sabordant ainsi la stratégie du Conseil d’Etat d’implantation d’entreprises à forte valeur ajoutée. Notons que les quelque 23 hectares de terrain repris à l’agriculture seraient compensés par la transformation d’un total d’environ 78 hectares de zone à bâtir en zone agricole.

Le terme de la session ayant été atteint, il n’a pas été possible de terminer le traitement de cet objet. Rendez-vous donc fin septembre, en espérant éviter l’autogoal. Les Vaudois, Fribourgeois et Bernois ne sabreront pas le champagne cette fois-ci face à cet éventuel « harakiri ».

Nicolas Ruedin, président ad intérim du groupe libéral-radical au Grand Conseil