Conscience politique

Libertés neuchâteloises n°6 - Edition du 1er avril 2022

Nous vivons dans une époque où la transparence est élevée au niveau d’une vertu cardinale de la politique. Tout doit être accessible, tout doit être vérifiable. Cela peut effectivement se justifier en regard des scandales de corruption, des manœuvres d’influence, etc.

(Photographie d'illustration, détail de la salle du Grand Conseil au château de Neuchâtel, aes)

Il ne faut cependant pas oublier que, dans une dynamique sociétale en balancier, un excès se retrouve souvent compensé par une réaction inverse tout aussi excessive. Or, si tout excès doit être combattu, il faut oser lui opposer une action mesurée, pragmatique, visant à un juste équilibre.

L’évolution politique passe également par des modes s’inspirant souvent de l’actualité décrite dans les médias. Traiter politiquement un sujet médiatiquement récurrent « à la Une » permet de se profiler et de montrer que l’on est en phase avec son temps. Ces deux ressorts, l’effet de balancier et l’impact des modes, font partie des mécanismes fondamentaux d’une démocratie ; ce ne sont pas des maux, mais des facteurs devant être pris en compte dans la stratégie d’un parti.

Le Centre nous le démontre avec son initiative sur la Cour des comptes inspirée, notamment, de celle du Canton de Genève et dont l’action est régulièrement évoquée par les médias lémaniques. Au bout du Lac, cette instance est crainte, mais aussi décriée. Elle a certes révélé quelques Genferei, mais a aussi démontré son arbitraire dans certains cas et son coût dans tous les cas.

L’initiative neuchâteloise du Centre s’en inspire. Certes en adéquation avec la mode de la probité extrême, elle flirte avec le populisme du slogan « Omo lave plus blanc que blanc ». L’idée de fond n’est pas dénuée de sens : en effet, les prérogatives actuelles des Commissions des finances et de gestion sont insuffisantes pour pouvoir réellement juger de l’efficience de l’appareil étatique et le Contrôle cantonal des finances (CCFI) est tenu à un tel secret qu’il ne permet pas toujours d’apporter les ajustements politiques nécessaires à une évolution salutaire de notre administration.

Le pragmatisme devrait être une autre vertu cardinale de la politique, et, en cela, le contre-projet à la Cour des comptes élaboré par nos autorités, tous partis confondus à l’exception du Centre, en est un bel exemple qui mérite un plébiscite sans appel des citoyennes et citoyens responsables de ce canton le 15 mai prochain!

Jean-Daniel Jeanneret, vice-président du PLRN