Le pôle économique de La Tène, une nécessité?

Libertés neuchâteloises n°4 - Edition du 4 mars 2022

Quel est le point commun entre un aéroport, un parc éolien, un stand de tir, une prison, un centre de requérants et une zone économique? Tout est nécessaire, voire indispensable, mais n’est pourtant opportun que si ça se trouve chez les autres!

Le Centre suisse d'électronique et de microtechnique (CSEM) à Neuchâtel. (Photographe: Claude Comte)

Le nouveau pôle économique de La Tène fait l’objet de nombreuses oppositions. C’est dans l’air du temps. Rapportée par la presse locale, l’appréciation d’un ancien conseiller d’Etat, pourtant porteur du dossier à l’époque, n’appelle qu’une seule remarque : il faudrait avoir la sagesse et l’élégance de ne pas critiquer le travail de ses successeurs. Si elles diminueront à cet endroit, les surfaces agricoles prévues par le nouveau plan directeur cantonal sont globalement en sensible augmentation.

Le site économique de La Tène est l’un des trois d’importance cantonale, prévu de longue date et validé par la Confédération. Une gare, une ligne de bus, deux sorties d’autoroute, une zone économique contiguë existante, un nouvel habitat de qualité et de proximité. Difficile de faire mieux.

Mais ce n’est pas tout. Le projet qui est sur la table n’est pas celui de l’une de ces bonnes vieilles zones industrielles des décennies écoulées, avec des entrepôts en taule et des usines à l’architecture douteuse : il est de qualité. Le nouveau quartier produira davantage d’énergie qu’il n’en consommera. Les bâtiments seront soignés et les places de parc seront en nombre insuffisant pour forcer au report modal. Seules les entreprises tournées vers le futur, à haute valeur ajoutée, y seront admises.

A quoi bon soutenir en terres neuchâteloises des joyaux comme le CSEM, l’Université, l’EPFL ou encore la Haute Ecole Arc si c’est pour devoir renoncer à y implanter les entreprises qui en sont issues ou qui bénéficient de leur savoir ? L’expérience d’un concurrent de Celgene, aujourd’hui à Yverdon faute d’avoir trouvé ici un lieu d’implantation, est le reflet du risque encouru.

Voulons-nous un canton sans perspective? Sans possibilité d’améliorer son attractivité au profit de tous ? Laissant à d’autres le soin de développer des activités utiles à l’humanité? Renonçant à diversifier son activité économique ? Poser ces questions, c’est pratiquement y répondre!

Alain Ribaux, conseiller d'Etat