Insatisfaction des enseignant·es: prendre la mesure du problème!

Le 8 août 2024, l'association faîtière des enseignantes et enseignants suisses LCH, et en particulier le syndicat des enseignant·es romand·es (SER), ont fait part en conférence de presse de leur faible degré de satisfaction dans l’exercice de leur profession.

Le manque de conditions-cadres pour l’encouragement individuel, une charge de travail très (trop) élevée et la lourdeur des tâches administratives sont trois aspects générateurs de stress qui «complexifient le travail des enseignant·es en leur ôtant du temps et de l’énergie normalement consacrés à leur tâche principale qu’est l’enseignement.» Les enseignant·es souhaitent également «minimiser les réformes à tout va afin [de pouvoir] travailler sereinement.»

Enfin, dernier élément non négligeable, les enseignant·es disent clairement que «l’école intégrative ou à visée inclusive questionne quant à sa mise en pratique.»

Le 22 juin 2024, les membres présents à l’Assemblée des délégués du PLR avaient accepté un programme en 17 points lié à la formation, parmi lesquels figuraient tous ceux qui sont mentionnés ci-dessus. Le PLR Suisse déclarait déjà que «l’école inclusive n’atteint pas son objectif», demandait «moins de paperasse pour laisser davantage de temps à l’enseignement», et de «stopper la bureaucratie et renforcer le personnel spécialisé.»

Au moment de sa publication, ce document a été très critiqué par les milieux de gauche. Or à peine un mois et demi plus tard, ce sont justement les enseignant·es qui font part de leur insatisfaction sur tous ces thèmes. Ce que dit le PLR n’est rien d’autre que le reflet de la réalité difficile, quotidienne et insatisfaisante que vit le personnel enseignant. Il est temps d’agir avant qu’un malaise plus profond ne s’installe et que ce soient les enfants, donc à l’avenir toute la société, qui en paient les frais.

Pour ce faire, il faut regarder où sont les vrais problèmes et ne pas vouloir les occulter. Malheureusement, on en est encore loin; à titre d’exemple la Journée des Assises de l'école neuchâteloise qui s’est tenue le 4 juillet dernier n’a pas pris la mesure de ces difficultés, se bornant à faire des propositions surréalistes ou à tirer à boulets rouges sur le papier du PLR.

Une remarque encore: n’est-il pas surprenant que les enseignant·es utilisent une note de 1 à 6 pour évaluer leur degré de satisfaction, en l’occurrence 3,9 en Suisse romande, alors qu’ils ont tout fait pour supprimer l’usage des notes pour évaluer les élèves? De son côté, le PLR s’est clairement prononcé en faveur de leur maintien.

Terminons par cette citation de l’écrivain britannique H.G. Wells: «Ayez le courage de regarder la réalité en face. Alors seulement on pourra peut-être faire quelque chose.»

Francis Krähenbühl
Président du PLR neuchâtelois