Papyrifera, pour l'avenir de nos archives cantonales

C’est un grand oui à la réalisation du Centre d’archives et du patrimoine à La Chaux-de-Fonds. La semaine dernière, le Grand Conseil neuchâtelois a adopté un crédit d’environ 38,6 millions de francs. Dans notre nouvelle édition de Libertés neuchâteloises, la députée libérale-radicale Patricia Borloz revient sur ce projet qui a déjà… dix ans!

Tout a débuté il y a près de dix ans! En 2014 déjà, il était clair que la conservation des archives devait évoluer. Le constat était simple: manque d’espace, jusqu’à huit sites de stockage différents, ce qui compliquait la sécurité des documents et rendait leur gestion et consultation moins efficaces. En plus, avec des sols en verre, ce que l’on nomme communément le «palais de cristal» (lieu principal de conservation au Château) était considéré à haut niveau de risque en cas d’incendie. Enfin, l’accueil du public n’était pas assuré de façon inclusive.

Ce diagnostic a donné naissance à un projet ambitieux pour la survie et la mise en valeur de nos archives cantonales, et nous avons célébré devant le Grand Conseil le 1er octobre dernier la concrétisation de sa deuxième phase!

Après avoir élaboré un cahier des charges détaillé, la recherche d’un bâtiment a commencé. Ne trouvant pas de lieu adéquat dans le parc immobilier de l’Etat, les recherches ont été élargies et ont abouti. Le choix s’est porté sur un ancien dépôt de la Coop à La Chaux-de-Fonds. Ce bâtiment est très accessible et idéalement situé dans un quartier en plein développpement, près de la gare des Forges et du quartier des Docks. Il a été acquis en mars 2021 grâce au vote du Grand Conseil approuvant un crédit de plus de 9 millions de francs. Cette étape a également permis de lancer un concours d’architectes.

Le projet lauréat, nommé «Papyrifera», a suscité un grand enthousiasme. Conçu avec une vision sur 100 ans, il prévoit d’augmenter la capacité de stockage des archives de 15 à 32 km linéaires pour répondre aux besoins futurs. Grâce à une excellente isolation en complément de la localisation du bâtiment, un concept low tech permettra de maintenir une stabilité suffisante de la température et de l’hygrométrie afin de conserver les archives en toute sécurité. Cela permettra de faire face avec une grande résilience aux aléas climatiques et aux risques de pénurie d’énergie. L’accueil des collaborateurs, du public et des chercheurs sera amélioré de façon déterminante et, finalement, le sud du bâtiment sera végétalisé pour éviter la constitution d’îlot de chaleur.

Partenariat ville-canton

La collaboration avec la ville de La Chaux-de-Fonds, faisant face aux mêmes enjeux, a également été un atout précieux. Une mutualisation intelligente de certains espaces a été imaginée tout en assurant la sécurité de nos archives.

Comme le souligne le Conseiller d’État Alain Ribaux, qui suit et soutient ce projet depuis ses premiers soubresauts: «Il faut se préoccuper de l’avenir des archives! Le CAP est un magnifique projet, fruit d’une belle collaboration avec la Ville de La Chaux-de-Fonds.»

Transport minutieux

Ce projet ne s’arrête pas là! En plus de l’achat et de la réhabilitation du bâtiment, un travail important de préparation et de déménagement des documents est prévu. Environ 60% des archives nécessitent en effet des soins particuliers avant de pouvoir être transférées, pour des raisons sanitaires ou de conditionnement. Trois personnes seront en charge de ce travail minutieux, garantissant la conservation et l’accessibilité des documents dans leur nouveau foyer. Le déménagement complet devrait être finalisé au second semestre 2028. Le volet de la digitalisation n’a pas été oublié. Même si cela devient la norme de communiquer par e-mail, les documents originaux authentiques restent en général en version papier.

En parallèle, une étroite collaboration avec le service informatique de l’Etat de Neuchâtel permettra d’assurer l’archivage des documents nativement digitaux sur le long terme.

Ce projet visionnaire, qui embrasse les enjeux sur 360 degrés, est un modèle de durabilité et de gestion responsable des archives. Avec une perspective centenaire en tête, il promet de conserver notre patrimoine pour les générations futures.

En conclusion, n’oublions pas que les archives jouent un rôle crucial: elles préservent notre mémoire collective et servent de support juridique pour l’Etat. Elles sont les gardiennes de nos droits et le lien entre le passé, le présent et l’avenir. Vivement 2028 pour découvrir le CAP et les trésors qu’il abrite!

Patricia Borloz, députée