Une majorité de centre-droite au Gouvernement et au Grand Conseil: le PLRN part en campagne pour que cessent les blocages de la gauche

Les élections cantonales de 2025 approchent et les stratégies s’affinent à coup de séances et de réflexions. Le PLR compte aujourd’hui 31 sièges sur 100 au Grand Conseil neuchâtelois. Avec l’UDC et le Centre, les trois partis n’atteignent pas la majorité. La recherche de candidat·es pour la liste libérale-radicale du législatif a commencé. La semaine dernière, Libertés neuchâteloises publiait une interview croisée entre la présidente du Comité de campagne Marlène Lanthemann et le président cantonal Francis Krähenbühl.

Libertés neuchâteloises: Marlène Lanthemann (ML) et Francis Krähenbühl (FK), vous êtes présents tous les deux pour mener cette campagne politique en perspective des élections cantonales 2025. Comment l’expliquer ? S’agit-il de deux campagnes différentes ?

FK: Le premier responsable d’une campagne pour les élections cantonales est le président du parti cantonal. À ce titre, il est de mon devoir d’avoir un regard sur tout ce qui se fait, tant pour le Conseil d’Etat que pour le Grand Conseil. Cela vaut aussi bien pour s’assurer du respect des compétences des différents organes du parti pour la désignation des candidates et candidats que pour le choix des thèmes de campagne. De ce point de vue, ma présence n’est donc pas une surprise, mais plutôt une obligation que je remplis avec plaisir et engagement.

ML: Si je suis présente dans cette campagne, c’est parce que la présidence a mis sur pied un comité de campagne composé d’une dizaine de personnes, comité que j’ai le plaisir de présider. L’objectif de ce comité est d’organiser la campagne sous l’œil attentif de la présidence, surtout pour l’élection au Grand Conseil puisque celle du Conseil d’Etat est multipartite.

Il se pourrait que, pour la première fois à Neuchâtel, une liste commune regroupe des candidats du PLR, de l’UDC et du Centre dans la course au Conseil d’Etat. En quoi cela influence-t-il la campagne?

ML: Si le dépôt d’une liste commune pour la course au Conseil d’Etat se confirme, elle n’influera pas le travail du comité de campagne, qui se concentrera sur sa tâche d’accompagnement des candidates et candidats pour le Grand Conseil, ainsi que sur le choix et la communication des thèmes de campagne.

FK: Une campagne commune à trois partis politiques est, par essence, différente de celle d’un parti qui part seul. Nos visions politiques sont différentes, mais nous partageons quelques-unes de nos valeurs respectives. C’est sur ces dernières que nous allons insister, afin de montrer que nos candidats pourront mener une politique cohérente, dans la continuité de ce qui s’est fait ces dernières années, et qui a fait que le canton de Neuchâtel va bien sous plusieurs aspects.

En quoi les campagnes au Conseil d’Etat et au Grand Conseil seront-elles différentes?

ML: Sur le fond, les campagnes seront pareilles à la différence près que le comité axera sa campagne uniquement sur les valeurs PLR.

FK: Comme la campagne au CE regroupera des candidats des trois partis, elle se focalisera sur des sujets sur lesquels tous les trois se rejoignent et qu’ils sont prêts à défendre ensemble.

Quelles sont les raisons qui poussent le PLR à s’allier à l’UDC et au Centre?

FK: La stratégie vise clairement à accroître les chances du centre-droite de conserver la majorité au Conseil d’Etat, et d’augmenter son nombre de députés au Grand Conseil. La gauche a été à l’origine de nombreux blocages de propositions issues du Conseil d’Etat durant la dernière législature, avec des conséquences sur l’augmentation de la bureaucratie, du nombre de fonctionnaires, l’introduction de nouvelles tracasseries administratives pour les entreprises, etc. Nous voulons freiner ces dérives coûteuses. Pour y parvenir, notre seule chance est de faire front commun en passant outre nos différends passés et en partageant un même objectif, comme le fait la gauche avec une liste PS-Verts-POP.

Que répondez-vous aux sympathisants PLR qui émettent des réserves quant à cette stratégie et qui préfèreraient «passer un tour» et revenir plus forts dans quatre ans (à l’image des Jurassiens dans la succession Gerber par exemple)?

FK: Précisément que notre stratégie est le seul moyen de contrer l’alliance des forces de gauche. Socialistes et Verts sont souvent en désaccord sur de nombreux points, mais ils parviennent à passer outre et à voter de manière compacte, comme ils l’ont montré en Ville de Neuchâtel. Aujourd’hui, nous occupons trois sièges au Conseil d’Etat, il est de notre devoir de faire en sorte qu’ils restent au centre-droite. La gauche ne nous fera pas le même cadeau qu’en 2021, nous devons donc unir nos forces pour les conserver.

Pour quelles raisons les électeurs devraient-ils reconduire une majorité de centre-droite au Conseil d’Etat? Quel bilan tirez-vous de la législature écoulée, avec la présence de trois libéraux-radicaux au Conseil d’Etat?

FK: Sous plusieurs aspects, le canton de Neuchâtel va bien. On peut mentionner le quasi plein emploi et son corollaire le faible taux de chômage, le deuxième PIB par habitant du pays, des finances saines qui permettent deux réductions d’impôt successives de 1% pour les personnes physiques en 2024 et 2025, un des trois meil- leurs plans climat du pays, des investissements de plusieurs milliards financés en grande partie par la Confédération pour les contournements de La Chaux-de-Fonds et du Locle et la création de la ligne directe entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, ou encore une approche de la culture particulièrement volontariste. De nombreux chantiers doivent encore être consolidés; il serait donc regrettable, voire dommageable, qu’une rupture significative intervienne dans la politique menée par le Conseil d’Etat.

Concrètement, quelles pourraient être les thématiques fortes qui rassemblent les trois partis?

ML: A ce stade, il est encore un peu tôt pour parler des thématiques qui seront abordées durant la campagne. Le comité y travaille avec rigueur et enthousiasme, mais il est évident que nous retrouverons les thèmes chers au PLR, que je laisse le soin au président cantonal d’évoquer.

FK: Je citerai en premier lieu la fiscalité, que nous estimons bien trop lourde pour les contribuables neuchâtelois par rapport aux cantons voisins ; nous sommes en avant-dernière position en la matière. On peut aussi mentionner la sécurité et la lutte contre la criminalité, une formation professionnelle visant à répondre aux besoins du marché du travail, une éducation axée sur la qualité et la performance, le développement économique du canton et la création d’emplois qui l’accompagne. Vous le voyez, malgré des différences d’approches et idéologiques, des points communs existent.

Qu’est-ce qui vous réjouit aujourd’hui en vous lançant dans cette campagne?

ML: Ce qui me réjouit, c’est la motivation de tous les membres du comité de campagne composé de femmes et d’hommes d’âges et de profils différents. Leur investissement est encourageant.

FK: La nouvelle dynamique suscitée par la perspective de travailler avec l’UDC et Le Centre pour faire contrepoids à l’union de la gauche. C’est nouveau à Neuchâtel, ça a déjà porté ses fruits dans les cantons de Vaud, Fribourg et Berne. Alors pourquoi pas chez nous?

Si vous deviez avoir une seule appréhension, laquelle serait-elle?

FK: Que les électeurs des trois partis ne se mobi- lisent pas suffisamment, et biffent les candidats des autres partis de l’alliance. C’est typiquement le genre de réflexe qui risque de nous faire perdre.

ML: Que le PLR ne parvienne pas à motiver suffisamment ses électrices et électeurs.

Trois mots pour qualifier la campagne à venir?

ML: Motivation, dynamisme, cohésion.

FK: Enthousiasme, confiance, mobilisation.

Propos reccueillis par Raphaèle Tschoumy