Loi sur la culture: on aurait pu l'appeler "Désirée"

Après plus de trente ans de travaux, le Grand Conseil neuchâtelois a entériné la semaine dernière la loi régissant le soutien du Canton aux activités culturelles et artistiques. Publiée dans l'édition du 13 septembre 2024 de Libertés neuchâteloises, la prise de position du groupe libéral-radical, à travers son rapporteur Blaise Courvoisier.

L’actuelle loi sur la culture date de plus de trente ans et n’intègre plus les développements récents de cette activité en permanente évolution, ébullition pourrait-on même dire. La loi neuchâteloise sur l’encouragement des activités culturelles est donc le fruit d’une longue gestation qui a débuté en 2017 et a ensuite été fréquemment retravaillée, à la suite des diverses consultations des milieux concernés, des villes et des communes ainsi que d’un groupe de travail regroupant des représentants des milieux culturels – institutions ou faîtières – et des artistes eux-mêmes. On aurait donc pu l’appeler «Désirée». Elle est en tous les cas née entourée de tous les soins possibles.

La crise Covid a mis en évidence la fragilité du milieu culturel ainsi que son rôle de cohésion sociale, sans oublier son apport économique. En Suisse, la culture «pèse» en effet 270’000 travailleurs, dont plus du quart sont des indépendants (5,7% des emplois helvétique) et environ 60’000 entreprises (plus d’un dixième des entreprises suisses au total). Tout ceci a généré, en 2020, une valeur ajoutée de 14,7 milliards de francs, soit 2,1% de la valeur ajoutée totale en Suisse en une année. Le canton de Neuchâtel n’est pas en reste puisqu’en 2022 il y a eu près de 6’000 propositions culturelles.

L’Office fédéral de la statistique, en 2020, classe notre canton en troisième position des dépenses culturelles par habitant (393 CHF/hab.), derrière deux poids lourds incontournables, à savoir Genève (843 CHF/hab.) et Bâle-Ville (1114 CHF/ hab.). Neuchâtel se situe toutefois devant les cantons de Vaud (376 CHF/hab.) et de Zurich (343 CHF/hab.).

Le canton n’est pas le seul soutien culturel

C’est ce point précis qui a froissé les milieux dela culture, qui ne se sont référés qu’à la part cantonale dévolue à la culture. Mais si on veut être objectif, il faut impérativement tenir compte de tous les subventionnements. Il y a donc le Canton, avec une modeste part, mais aussi les communes (qui travaillent conjointement avec le Canton), et surtout la Loterie romande (LoRo) (apport de 9,5 millions de francs en 2023). Enfin, n’oublions pas les mécènes paraétatiques ou privés, tels que la BCN, Cartier ou Philipp Morris.

Neuchâtel prend en charge le domaine social, ce qui dans d’autres cantons est subventionné grandement par la LoRo. Ainsi, 70 % du bénéfice redistribué par la LoRo est attribué au domaine culturel, une somme très importante dont on doit bien entendu tenir compte. Ces diverses sources de revenu placent donc Neuchâtel en troisième position pour le financement culturel par habitant. Autre divergence notable, la gauche souhaitait introduire dans cette loi un article sur le financement, et ainsi accepter indirectement l’initiative «Pour 1% culturel». Logiquement, le Conseil d’Etat souhaitait ne pas mêler à un périmètre d’actions des règles budgétaires.

Le PLR croit en cette loi

Le groupe libéral-radical salue donc la naissance attendue de la loi neuchâteloise sur l’encouragement des activités culturelles. Elle est le fruit d’une vaste concertation avec les milieux culturels.

Cette loi va intégrer les pratiques artistiques nouvelles et réduire la fragilité structurelle des acteurs culturels par des soutiens juridiques, ainsi que dans le domaine des assurances sociales. Cette loi encouragera aussi la durée de vie et la diffusion des oeuvres plutôt que de multiplier des créations éphémères. Enfin, par le biais de la médiation culturelle, cette loi permettra l’accès à la culture pour les jeunes et les communautés étrangères. 

Blaise Courvoisier, député